Marché bovin : « C’est tous ensemble qu’on doit faire pression sur le marché »
L’heure est à la nécessaire valorisation des prix payés aux producteurs en viande bovine considère la FNB. Jacky Girard, représentant régional de la fédération, explique pourquoi.
L’heure est à la nécessaire valorisation des prix payés aux producteurs en viande bovine considère la FNB. Jacky Girard, représentant régional de la fédération, explique pourquoi.
Alors que tous les signaux sont au vert sur le marché bovin, les prix à la production sont toujours aussi bas. Comme il y a un an, la FNB invite les producteurs qui le peuvent à retenir, au maximum, leurs animaux en ferme.
La FNB renouvelle son appel à retenir au maximum ses animaux en ferme. Qu’est-ce qui justifie ce mot d’ordre ?
Jacky Girard : Quels que soient les indicateurs de marché analysés, ils sont tous au beau fixe depuis le début de l’année 2021 en viande bovine. La consommation a augmenté de 4 % sur le premier trimestre 2021 par rapport à 2020. En vache type viande, la tendance est également à la hausse avec près de 5 % d’animaux abattus sur cette catégorie sur les 5 premiers mois de l’année comparé à la même période en 2020. Toujours sur cette période, en JB on a une avance de sorties de 3 800 têtes, tandis qu’en vaches laitières on fait face à une vraie faiblesse de l’offre qui se traduit par une baisse des abattages.
Quelle est la tendance au niveau export ?
J. G. : Sur les débouchés export vif, on assiste à une hausse de 6 % vers l’Italie et 10 % vers l’Espagne sur les 5 premiers mois de l’année par rapport à l’an dernier. Bref, actuellement le marché est globalement déficitaire, le rapport offre-demande est en faveur des éleveurs !
Dans ce contexte favorable, comment évoluent les prix à la production ?
J. G. : Les prix payés aux producteurs ne suivent malheureusement pas cette embellie, ils restent bien en-deçà des coûts de production. Une vache viande R était cotée 4,00 €/kg et le JB 3,80 €/kg en semaine 22, alors que les coûts de production s’élèvent respectivement à 4,93 € kg et 4,77 €/kg au 31 décembre 2020.
Cette sous-rémunération est-elle une spécificité franco- française ?
J. G : L’embellie est constatée partout dans l’UE. Et chez nos voisins européens, les cotations de la vache O ont connu une forte augmentation tarifaire depuis mars 2021 : + 0,60 €/ kg pour l’Irlande ; + 0,80 €/kg pour l’Allemagne, + 0,40 €/kg pour la Pologne. Dans ces pays où la crise sanitaire a pourtant été plus forte qu’en France, on constate donc que les cotations ont retrouvé des niveaux semblables à ceux d’avant la crise de Covid-19 ; résultante d’une reprise forte et d’une demande bien présente partout !
Ni la loi Egalim promulguée en 2018, ni la hausse des coûts des matières premières ou encore le déconfinement et la hausse de consommation qui l’accompagne ne semblent changer la donne côté production. Comment l’expliquez- vous ?
J. G. : Quand on interroge les acteurs de la filière, nous n’avons aucune réponse, aucune solution viable, et aucune visibilité sur le secteur de l’engraissement en France… Ce n’est pas faute de se réunir au niveau interprofessionnel depuis un an. Nous demandons à ne plus être la variable d’ajustement dans cette filière ! L’absence de signaux prix positifs est plus qu’irresponsable : il en va de la pérennité des éleveurs bovins viande et de toute une filière française qui en découle ! Dans ce contexte, particulièrement exacerbé sur les JB, quelques acteurs de l’aval de la filière surfent sur une situation de marché florissante depuis plusieurs mois, tout en dénigrant totalement la juste rémunération des éleveurs et leur travail. C’est face à cette situation – et à l’absence totale de prise de conscience et de signaux concrets sur les prix, que la FNB appelle aujourd’hui les éleveurs, dans la mesure de leur capacité, à retenir en ferme au maximum leurs animaux, faute de revalorisation des tarifs.