ACTION SYNDICALE
Des conséquences en cascade pour l’agriculture française
Quatre interprofessions (viande bovine, volaille, betterave et céréales) se sont mobilisées cette semaine pour justifier leur ferme opposition à l’accord avec le Mercosur.
Quatre interprofessions (viande bovine, volaille, betterave et céréales) se sont mobilisées cette semaine pour justifier leur ferme opposition à l’accord avec le Mercosur.
La mobilisation des filières agricoles françaises contre la conclusion de l’accord UE Mercosur est montée d’un cran. Mercredi, quatre interprofessions sont intervenues publiquement pour détailler les raisons de leur opposition et lancer un appel à la « fermeté » au président de la République. Les adhérents FNSEA et JA 37 ont choisi de manifester leur mécontentement sur deux ronds-points du département.
Leur rejet de l’accord s’appuie d’abord sur des considérations économiques. « Pour résumer, les conséquences sont désastreuses pour l’agriculture française et les compensations proches de zéro », estime Jean-Michel Schaeffer, le président de l'interpro volailles. Pour la filière, le texte prévoit un contingent d’importation supplémentaire du Mercosur de 180 000 t. « Or, la volaille est aujourd’hui la viande la plus importée par l’UE (presque 1 Mt) dont 400 000 t viennent déjà du Brésil. En outre, nous faisons venir essentiellement des filets de poulet, les pièces les mieux valorisées et que l’on retrouve sur les marchés en croissance que sont les produits élaborés et la restauration hors domicile. C’est se tirer une balle dans le pied. »
Le secteur de la viande bovine craint également des répercussions en chaîne. « Le contingent supplémentaire de 99 000 tonnes accordé au Mercosur viendra doubler les volumes d’aloyaux (là encore, la partie de l’animal la mieux valorisée, ndlr) importés aujourd’hui de cette zone », a déploré Patrick Bénézit, président de la FNB. « Sachant que l’on produit seulement 400 000 t d’aloyaux du cheptel allaitant chaque année en Europe, le risque de déstabilisation est bien réel, autant pour les éleveurs que pour le reste de la filière. »
Des critères sanitaires divergents
Enfin, la filière maïs s’inquiète du contrecoup du contingent supplémentaire de 1 Mt de maïs accordé au Mercosur. Un boulevard offert au Brésil, qui exporte déjà entre 6 et 7 Mt sur le continent européen. « Accepter cet accord, c’est menacer nos emplois sur nos territoires », a pointé Franck Laborde, le président de l’AGPM. Le représentant d’Intercéréales a notamment fait remarquer que toute l’économie du premier employeur des Landes (ndlr : Maïsadour) « est organisée autour du maïs grain pour la volaille et l'amidon et le maïs semences. »
La concurrence induite par l’accord du Mercosur est, en outre, déloyale du point de vue sanitaire et environnemental et expose les consommateurs européens à des produits ne respectant pas les règles ayant cours au sein de l’UE. En volaille comme en production bovine, les antibiotiques activateurs de croissance sont utilisés dans le Mercosur alors qu’ils sont interdits en Europe depuis 2006. Enfin, « près de 80 % des produits phytosanitaires utilisés au Brésil pour la culture du maïs sont interdits en France et plus de 90 % du maïs brésilien est OGM », note Franck Laborde.