Permaculture
Fermes d'avenir: un échec. Ce ne sera pas le modèle dans les 20 ans à venir pour changer le monde
Pourtant mise en valeur dans le documentaire « On a 20 ans pour changer le monde », les résultats concrets de la Ferme d’Avenir » à Montlouis montrent que le modèle n’est ni reproductible, ni durable. _Version actualisée _
Pourtant mise en valeur dans le documentaire « On a 20 ans pour changer le monde », les résultats concrets de la Ferme d’Avenir » à Montlouis montrent que le modèle n’est ni reproductible, ni durable. _Version actualisée _
Depuis quelques semaines, le documentaire « On a 20 ans pour changer le monde » est diffusé dans les salles. Selon la bande annonce « 60 % des sols sont morts et la production actuelle ne nourrit pas la planète. » L’affirmation est surprenante puisque les études internationales indiquent qu’il serait possible de nourrir 9 milliards d’habitants. Une récente étude de l'Inra de Dijon indique que les sols français sont bien vivants et globalement plutôt en bonne santé (Battle Karimi - UMR Agroécologie). Le documentaire affirme aussi que « des hommes et des femmes relèvent le défi et démontrent que l’on peut se passer de pesticides et intrants chimiques pour toute notre alimentation ». Le personnage central du documentaire est Maxime de Rostolan, le créateur de la Ferme d’Avenir à la Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire).
En dehors de la formation, de l’activité militante, de la présence médiatique dans les sphères d’influences parisiennes et la proximité avec Nicolas Hulot et Corinne Lepage, est-ce que l’association démontre par des faits ses affirmations ? La référence concrète est la micro-ferme de la Bourdaisière. Sur son site Internet on lit que, à sa création en 2013, l’objectif affiché était de produire suffisamment de légumes avec de nouvelles méthodes pour « 100 000 €/an en année 4-5 et sortir trois salaires ». Les chiffres sur le site de l’association montrent qu’au mieux en 4 ans (en 2016), la vente représente 27 000 € et qu’il a fallu 4,5 ETP (des stagiaires, des bénévoles) pour y parvenir. Soit, en situation économique réelle (coût minimum de la main d’œuvre permanente minoré à 15 €/h), un déficit annuel de 60 à 90 000 €. « Oui, c'est vrai, ça ne marche pas », comme l’avait admis Maxime de Rostolan lors d’une conférence mi-novembre 2017 dans l'amphithéâtre Thélème de l’université de Tours.
Mais malgré cela, surfant sur la vague médiatique, les promoteurs maintiennent leurs certitudes. Au visionnage du documentaire, on comprend que les producteurs bios en place, sollicités par Ferme d’Avenir, restent distants avec l’association. Les producteurs maraîchers bio professionnels vivent (bien obligés), du fruit de leur travail et non d’actions de formation ou de communication. Ils ont une longue expérience technique améliorée d’année en année. L’erreur de départ de Ferme d’Avenir n’est-elle pas d’avoir voulu faire seule, avec des techniques qui relèvent plus du jardinage où le temps de travail ne compte pas ?
La rédaction a analysé plus en détail les quelques chiffres publiés par Ferme d’Avenir sur le résultat économique et le temps de travail. Ils sont à lire sur site http://www.maisondesagriculteurs37.fr en Actualité. Ils sont sans appel : Sous le titre provocateur : un travail à 1, 76 euros/heure, lire l'inventaire des questions avant le visionnage du documentaire (du "panégyrique", à la gloire des promoteurs de Ferme d'Avenir) et leurs réponses dans la version actualisée : à télécharger ici. On apprend que le passage au bio d'agriculteurs d'Indre et Loire ne s'est pas produit comme prédit dans le film.