Prix des broutards mâles : l’incompréhension
Depuis l’effondrement des cours dans l’été, le prix des broutards est toujours à la peine avec un marché au ralenti. Les laitonnes, quant à elles, semblent un peu mieux s’en sortir.
Sur le terrain, la FNB réfute les éléments de réponses émis par les coopératives pour expliquer cette situation.
Depuis l’effondrement des cours dans l’été, le prix des broutards est toujours à la peine avec un marché au ralenti. Les laitonnes, quant à elles, semblent un peu mieux s’en sortir.
Sur le terrain, la FNB réfute les éléments de réponses émis par les coopératives pour expliquer cette situation.
“Le marché du taurillon va mal. Les jeunes bovins (JB) finis ont perdu entre 40 et 50 cts du kilo/carcasse entre l’ouverture du marché en janvier 2020 et celui de ce début janvier 2021 », annonce Eric Mavigner, responsable commercial en maigre à la Celmar. Les JB se trouvent, de ce fait, actuellement à près d’1 euro en-dessous du coût de production, « soit un manque à gagner de 450 euros par animal sur l’année », déplore la FNB. Cette chute des cours se répercute sur celui des broutards et les éleveurs ont perdu, depuis la mi-juillet dernier, environ 150 euros par animal, « soit une perte de 30 % de leur revenu annuel extrêmement bas », souligne le syndicat.
En fin d’année 2020, les cours avoisinaient les 4 euros en charolais R+, contre les 3,60 € quelques semaines plus tôt. « Nous avons gagné ces quelques euros grâce aux actions de la FNB », considère Jacky Girard, le président de la section régionale Bovins viande FNSEA CVL et éleveur à Betz-le-Château.
Si tous les acteurs de la filière s’accordent sur le constat, notamment en matière de pertes sèches pour les éleveurs, l’analyse des causes suscite le débat. De leur côté, les coopératives et les apporteurs pointent la fermeture de la restauration hors domicile qui, en France comme dans les pays tiers, est un débouché essentiel à leurs yeux. Ce qui expliquerait que les taurillons s’écoulent mal ou à bas coûts, et de ce fait que les engraisseurs recherchent moins de broutards ou tirent les prix vers le bas. Mais le marché intérieur n’est pas la seule voie de commercialisation pour la production hexagonale.
EXPORTATIONS EN HAUSSE EN 2020
En effet, les exportations représentent pour la France près de 1.7 millions de têtes en 2019 en bovin allaitant vivant, et 277 000 tonnes en équivalent carcasses à destination de l’Allemagne, l’Irlande, la Pologne et l’Italie. Et pour les coopératives locales, telles que la Celmar et la CCBE, ce sont près de 70 à 80 % des broutards qui partent hors de des frontières françaises.
Or, les chiffres de l’interprofession font état d’un flux commercial vers l’Italie en augmentation de 0.7 % sur l’année 2020 par rapport à 2019, avec certes des mois en fort recul à - 11 % entre la mi-juillet et mi-août. Un recul d’une ampleur similaire a d’ailleurs été enregistré à la même période avec l’Espagne, pays avec lequel l’export a peu évolué globalement en 2020. Fort heureusement, les mois de novembre et décembre ont connu une reprise significative des exportations, avec + 11.1 % vers l’Italie et + 32.5 % vers l’Espagne par rapport à l’année 2019. « Avec un cheptel France qui a fortement décapitalisé ces cinq dernières années, soit autant de veaux en moins sur le marché, on remarque que les exportations sur 2020 sont supérieures à celles de 2019. Les consommations de viande bovine en France, tant en haché qu’en boucherie traditionnelle, sont en augmentation également. Donc les exportations se portent bien, les débouchés sont là ! », considère le président de la section régionale Bovins viande FNSEA CVL.
DES PRIX TIRÉS VERS LE BAS PAR LES ACHETEURS
Autre argument avancé par les éleveurs : le nombre important d’animaux stockés en ferme, dans l’attente d’être abattus. « Au 20 décembre, il y avait près de 3 900 JB en surstock, constate le représentant syndical. Quand on sait que l’on abat environ 9 000 JB par semaine, le surstock ne représente pas beaucoup de jours d’avance. Il est vrai qu’il y a eu du retard pendant les premières semaines de confinement, mais nous avons réussi à le rattraper, alors que les cours du broutard sont au plus bas, c’est aberrant. Tous les broutards ont été vendus, donc consommés et personne n’arrive à nous expliquer pourquoi les JB sont si bas. Je n’arrive pas à comprendre ».
« La question n’est pas de savoir pourquoi les opérateurs ne payent pas bien les broutards mais pourquoi on ne vend pas correctement la viande, relève de son côté Eric Mavigner. Il faut savoir que lors du confinement près de 70 à 80 % de la viande bovine était transformée en steak haché, contre 50 % actuellement. »
Question à laquelle la FNB souhaiterait également avoir des réponses. Pour le syndicat, les acheteurs marchandent pour avoir les prix les plus bas à l’achat, « et si possible être moins cher que leurs concurrents, alors que le consommateur voit les prix légèrement augmenter dans son panier », note Jacky Girard. Une situation déséquilibrant totalement le marché au détriment de la rémunération de l’éleveur. La FNB invite les coopératives à s’unir pour maintenir les prix et l’avenir de la filière.