INITIATIVE LOCALE
Cultiver en pleine ville
L’agriculture urbaine est souvent vue comme une utopie par les professionnels du milieu rural. Yoann Duballet ne partage pas cette vision. Il a franchi le pas en s’installant à Tours Nord en 2023, en créant La ferme des jardins perchés.
L’agriculture urbaine est souvent vue comme une utopie par les professionnels du milieu rural. Yoann Duballet ne partage pas cette vision. Il a franchi le pas en s’installant à Tours Nord en 2023, en créant La ferme des jardins perchés.
Après quinze ans dans l’industrie chimique, Yoann Duballet, parisien de naissance et sa femme ont obtenu leur BPREA, sésame indispensable à leur installation. Puis ils se sont spécialisés en aquaponie en réalisant des stages dans différentes fermes un peu partout en France. Avec 1 200 m² de pleine terre en bas d’un immeuble à Tours nord et 770 m² de serre sur le son toit, ils cultivent des légumes, des PPAM et des plantes comestibles. « Il s’agit d’un projet pédagogique qui a démarré en 2019, lancé par Tours Habitat en partenariat avec l’agro-campus de Fondettes », précise l’intéressé. Raison pour laquelle le couple utilise les locaux à titre gratuit, en échange de la gestion optimale du projet. « C’est une opportunité pour nous, mais cela nous confère tout de même une situation relativement précaire », poursuit-il.
La surface exploitée ne nécessite pas d’interventions mécaniques. Tous les travaux s’effectuent avec des outils manuels. L’aquaponie est un aspect important du projet. Cependant, les poissons qui évoluent dans les bassins ne sont pas destinés à l’alimentation humaine. « La pisciculture est un métier auquel je n’ai pas été formé, reconnaît Yoann Duballet. Nous nous contentons donc à la production de poissons d’ornement. »
UN ÉQUILIBRE FINANCIER À TROUVER
Avec un chiffre d’affaires de seulement 7 000 euros l’an dernier, la rentabilité économique du projet n’est clairement pas au rendez-vous. « Nous sommes conscients que nous ne vivrons jamais de notre production, convient l’agriculteur. Nous nous donnons cinq ans pour dégager un salaire. » Pour y parvenir, le couple a plusieurs projets : « nous avons d’ores et déjà investi une autre parcelle de 1 000 m² toute proche pour la production de légumes de plein champ et où nous allons planter des arbres fruitiers, toujours dans l’objectif de diversifier notre production. »
Des ateliers sont déjà mis en place pour développer le côté pédagogique du projet. Cette diversification devrait venir gonfler le chiffre d’affaires de l’exploitation dans les prochains mois. La ferme des jardins perchés se veut aussi centre de formation pour les élèves de Fondettes. « L’objectif étant de former les jeunes à la production hors-sol », explique Yoann Duballet Le couple réfléchit également à la transformation simple de certains produits bruts, « comme le séchage d’herbes aromatiques ou de certains fruits », informe Yoann Duballet.
Aussi, l’activité de production de plants se développe. « Sur ce créneau, nous souhaitons nous diversifier. La concurrence est rude localement. L’objectif à termes est de proposer des plants que les jardineries locales ne commercialisent pas : tomates anciennes, plantes aromatiques rares (basilic citron/ cannelle, ciboule de Chine, etc.) », escompte-il.