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PATRIMOINE
Alexandre Gougeon, gardien de nos clochers

A Villedômer, l’installation et la restauration des cloches, horloges et paratonnerres sur les clochers n’ont pas de secret pour Alexandre Gougeon et son équipe.

Les clochers de nos villes et villages, de nos châteaux, les horloges de nos monuments, nous passons devant et les admirons, mais certains ont pour métier de les entretenir. C’est le cas d’Alexandre Gougeon, artisan campanaire à Villedômer.

Comme Obélix et sa potion, il est tombé dans la marmite étant petit. « L’entreprise a été créée par mes parents en 1979, et enfant, je les accompagnais sur les chantiers. Après des études d’ingénieur en chimie, j’ai tenté l’expérience en 2007 de travailler dans l’entreprise familiale... et je n’en suis jamais reparti », narre-t-il. Aux débuts de l’entreprise, l’activité se limitait au savoir-faire campanaire, c’est-à-dire à la pose et l’entretien des cloches et horloges. Puis le fondateur Michel Gougeon y a adjoint la protection contre la foudre, étroitement liée puisque située sur les clochers. « Sur beaucoup de chantiers, nous gérons les deux », rapporte le campaniste.

La société intervient sur des éléments de patrimoine, mais aussi parfois dans le domaine industriel, dans un rayon de 300 km autour de Tours, et dans les départements d’outre-mer. En France, on compte une cinquantaine d’entreprises de ce type, mais une seule en Indre-et-Loire. Alexandre Gougeon s’est entouré d’une équipe de huit salariés : cinq techniciens, deux technico-commerciaux et une assistante de direction. Tous sont polyvalents. 

 

UN SAVOIR-FAIRE AUX NOMBREUSES COMPETENCES

L’artisanat campanaire touche autant à la mécanique qu’à l’électrotechnique. « Notre travail peut consister à restaurer une cloche, recréer un beffroi *, automatiser le système (ce qui nécessite de tirer des câbles et d’installer des moteurs), installer ou restaurer une horloge : repeindre ou remplacer les aiguilles, nettoyer ou recréer un cadran, remplacer le cadre… illustre-t-il. C’est un métier très varié, il n’y a pas de routine. Il faut s’y connaître en serrurerie, charpente, couverture, horlogerie, électronique, électricité, soudure, peinture… et être débrouillard ! » Le poids moyen d’une cloche oscille entre 200 et 500 kg. « Mais en Mayenne par exemple, il se situe plutôt entre 700 kg et 1 t », précise Alexandre Gougeon. Le battant qui vient taper la cloche, pèse lui, entre 10 et 80 kg.

Les cloches sont composées d’airain, sorte de bronze très solide. Cet alliage de cuivre et d’étain est privilégié depuis toujours pour ses qualités de résonance et de solidité. « Il nous arrive de ressouder les endroits où frappe le battant, qui peuvent s’user. Selon les possibilités et les travaux à faire, on intervient sur place ou on dépose la cloche pour travailler à l’atelier », explique-t-il. Les matériels sont montés à la main ou avec un palan. Une grue est parfois nécessaire pour certains ouvrages. Pour installer les équipements de protection contre la foudre, des nacelles ou des échafaudages sont utilisés.

 

PATRIMOINE LOCAL MAIS AUSSI NATIONAL

Les communes, propriétaires des églises, sont les principaux interlocuteurs de l’entreprise, à travers les maires ou agents techniques communaux. Localement, l’entreprise de Villedômer gère l’entretien des clochers de nombreuses églises aux alentours, notamment ceux de la cathédrale et de quatre églises de Tours. Pour exemples, à la chapelle du château d’Amboise la cloche a été restaurée et le joug refait, et dans la tour de l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches les cloches ont été rénovées.

Certains chantiers marquent les esprits. L’entreprise participe notamment à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en tant que membre du réseau des artisans techniciens campanaires (ATC). Les entreprises du groupement qui le souhaitaient, dont celle d’Alexandre Gougeon, ont chacune mis à disposition un ou deux salariés, pour répondre au marché. La tour nord, la plus impactée par l’incendie, a vu ses huit cloches - pesant de 800 kg à 4,2 t - restaurées et automatisées. Elles viennent d’être remises en place. « On s’est déplacés deux fois quinze jours. La reprise du beffroi, assurée par des charpentiers, a quant à elle demandé un an de travail », complète-t-il.

Plus près de nous, au château de Chambord, l’entreprise a restauré tous les célèbres lanternons (charpente et couverture) et mis en place une protection contre la foudre. Elle a également recréé un carillon de neuf cloches qui avait disparu. « On l’a automatisé, il sonne désormais toutes les heures, ainsi que les heures d’ouverture et de fermeture du site », se réjouit l’entrepreneur qui attire l’attention sur la modernité apportée : « on travaille sur des ouvrages existant depuis des siècles, dont l’automatisation rend le système pilotable via internet. » Le métier de campaniste fait en effet le grand écart entre mécanique et électronique, et entre tradition séculaire et modernité.  

 

* Beffroi : charpente destinée à supporter les cloches dans les tours.

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