Magie à l'hôpital
Pour faire sourire et rêver les petits
Une association tourangelle s’est donnée pour objectif d’apporter du bonheur aux enfants hospitalisés, en leur offrant une parenthèse magique ou en exauçant un de leurs rêves.
Une association tourangelle s’est donnée pour objectif d’apporter du bonheur aux enfants hospitalisés, en leur offrant une parenthèse magique ou en exauçant un de leurs rêves.



La magie, c’est ce petit plus qui peut enchanter le quotidien, ou en tout cas en éloigner, pendant quelques instants, ceux qui en ont besoin. Quoi de plus naturel de lui ouvrir les portes des hôpitaux pour enfants ?
C’est l’idée qu’a eu Eric Frot, qui intervenait comme magicien bénévole à l’hôpital d’Angoulême et à celui de Dunkerque, avant de rejoindre les magiciens du GRMT* présents à l’hôpital Clocheville depuis 1999. Il a ainsi créé en 2006 l’association Magie à l’hôpital, dont il est actuellement le directeur. Une association tourangelle qui ne cesse de se développer. Son objectif, égayer le quotidien des enfants hospitalisés durant quelques minutes, mais aussi leur offrir une occasion de réaliser leurs rêves d’enfants.
Les quelques magiciens présents au début de l’aventure, et même avant, ont été rejoints par d’autres collègues ; ils sont aujourd’hui 25. L’association, qui intervient à Clocheville et à l’IEM Charlemagne de Ballan- Miré, se développe sur le territoire ; 16 hôpitaux pédiatriques au total reçoivent désormais la visite d’illusionnistes par ce biais : Dax, Dijon, Paris, Nantes, Amiens…
« Il faut être préparé pour intervenir auprès des enfants, fait remarquer Ségolène Frotté, chargée de communication de l’association. Parfois il faut stériliser le matériel, mettre une blouse, des gants… Et on peut être confronté à des enfants aux pathologies lourdes. Au début, les magiciens sont encadrés par de plus anciens, avant d’être autonomes. »
Un personnel soignant très impliqué
Le public va des tout-petits aux adolescents, ce qui nécessite d’adapter les tours aux différents âges. Les parents peuvent être présents pendant l’animation, une occasion de partager un moment de plaisir en famille face à la maladie. Il arrive aussi que les animations soient collectives, sous forme de petits spectacles.
Tout ceci n’est possible que grâce à une collaboration étroite avec le personnel soignant. « L’hôpital connaît nos jours d’intervention, et propose notre visite aux enfants. Les magiciens sont informés par le personnel des enfants qu’ils vont voir et des éventuelles spécificités pour chacun », décrit Ségolène Frotté. La magie opère ainsi une à quatre fois par mois dans les hôpitaux pédiatriques. Magie à l’hôpital s’est aussi donné pour mission de réaliser des rêves d’enfants. Grâce aux oreilles des magiciens et du personnel soignant, l’association a connaissance de souhaits exprimés par les petits patients : assister à une émission de télévision, rencontrer un artiste ou le voir en concert… « Nous réalisons un rêve tous les deux jours, grâce notamment à des bénévoles, car l’un d’entre eux est toujours présent pour accompagner l’enfant et sa famille lors de l’évènement, précise Ségolène Frotté. Nous tenons à ce que le moment soit partagé en famille, vécu ensemble pour créer une parenthèse dans l’épreuve de la maladie. »
Le magicien médiatique Eric Antoine parraine avec implication Magie à l’hôpital depuis 2013. Il invite des familles à ses spectacles et continue discrètement à se déplacer dans les hôpitaux quand son agenda le lui permet.
* GRMT : Groupe régional des magiciens de Touraine
Témoignage /
Gérald Vinatier, dit « Blabla »,
Retraité, et magicien bénévole
« Ça fait 37 ans que je fais de la magie, lors de spectacles, d’animations. Il faut être « mûr » pour intervenir à l’hôpital, habitué au spectacle et au contact avec les enfants. Les tours ne doivent pas être trop difficiles pour les enfants, ne doivent pas leur faire peur ou trop les intriguer. J’adapte pour chaque cas, en utilisant des cartes, des boules, des ballons, des peluches…
Avant de rentrer dans les chambres, les soignants nous précisent l’état de chaque enfant et les consignes particulières. On peut aller voir des enfants dans des SAS, avec des conditions d’hygiène exigeantes.
Je me souviens d’un enfant avec qui j’ai joué, qui était dans les bras de sa mère. Quand il s’est mis à rire, sa mère a pleuré, car il n’avait pas ri depuis 3 semaines… Un autre, qui avait été battu, était couché en foetus dans son lit et ne réagissait pas. Je lui ai fait des animaux en ballons, il s’est mis assis et a joué avec. C’est une telle joie quand on voit ça…
Je cherche à distraire, à faire sourire, à étonner, et cela rend aussi les parents heureux. Parfois les situations sont difficiles, il m’est arrivé de pleurer après. Mais on vit des choses très belles, on voit des yeux qui s’ouvrent en grand, d’une façon particulière, et voir quelqu’un heureux, ça donne une force incroyable... »