Glyphosate
Encore une fausse affirmation de Julien Bayou sur l’Anses
Non, il n’y a pas de frein de l’Anses ou de pression de FNSEA pour bloquer l’agrément de l’Anses de désherbants alternatifs au glyphosate.
Non, il n’y a pas de frein de l’Anses ou de pression de FNSEA pour bloquer l’agrément de l’Anses de désherbants alternatifs au glyphosate.
Le 21 aout 2020, sur France 2 à Télé Matin, Julien Bayou d’EELV, interrogé sur la sortie du glyphosate, affirmait que des « désherbants naturels », alternatifs, de deux entreprises françaises, Jade et Osmobio « attendaient toujours l’agrément de l’Anses ». Et il ajoutait « c’est bloqué car il y a une vraie pression, notamment des plus gros exploitants, de la FNSEA, pour continuer à utiliser le glyphosate. »
L’hebdomadaire agricole Terre de Touraine a interrogé les responsables des deux entreprises. Ils démentent formellement les affirmations de Julien Bayou. A la question « Avez-vous des difficultés d’agrément de votre désherbant par l’Anses comme l’a affirmé Julien Bayou, responsable EELV? », Céline Putaggio, chargée de communication à l’entreprise JADE basée à Bordeaux est catégorique : « Vous voulez parler du Belouka (*) ? Mais ce produit est déjà homologué et sur le marché depuis plusieurs janvier 2015 » . Concernant le second produit cité, le directeur d’Osmobio, dément « toujours attendre l’agrément par l’Anses ». Il indique que la procédure d’homologation, qu’il suit rigoureusement, est en cours. Il n’y a aucun retard ni pression. Il espère aboutir en 2021 (lire interview ci-dessous).
(*) BELOUKHA : A base d'acide pélargonique d'origine végétale est homologués par l'Anses depuis janvier 2015 en tant que solution de biocontrôle pour l'usage désherbage. Cette substance active est utilisable en agriculture et en espaces verts pour les professionnels, ainsi que chez les particuliers. Il ne peut être utilisé en agriculture biologique car l'usage "désherbage biologique" n'existe pas
Pour le marché professionnel (viticulture, arboriculture, maraichage…), il est commercialisé en exclusivité par Bel-chim Corp Protection qui a racheté Jade International en 2016. Sur le marché non agricole, il est commercialisé en accord avec les sociétés de distribution.
Les propos de Julien Bayou EELV (**)
Le journaliste : Le monde agricole sera prêt dans un an ?
Julien Bayou EELV : Mais le problème, en fait, on dit « dans 3 ans » et il ne se passe rien. Et puis au bout de 3 ans, il y a certains syndicats qui disent « on ne peut rien faire ».
Moi je constate qu’il y a deux entreprises françaises, je ne veux pas me tromper, Osmobio et Jade, en Bretagne et à Bordeaux, qui proposent des désherbants naturels et attendent toujours leurs agréments par l’Anses. Il y a des alternatives qui existent, …//..., ces désherbants bios. Mais c’est bloqué car il y a une vraie pression, notamment des plus gros exploitants, de la FNSEA, pour continuer à utiliser le glyphosate.
(**) A retrouver sur twitter @infofrance2 : https://twitter.com/infofrance2/status/1296687049827811328
A savoir :
Quel intérêt en agriculture de ces désherbant dits alternatifs ?
Le produit à base d’acide pélargonique est un produit de contact strict non sélectif. Il agit très rapidement à l’endroit de l’impact par dessèchement de la partie aérienne touchée. Donc contrairement au glyphosate, il ne détruit pas l’adventice qui repousse, les vivaces encore moins.
Son prix est nettement supérieur au glyphosate et nécessite des litrages de l’ordre de 16 l/ha, contre 3-4 l/ha et, en général, deux passages au lieu d’un. Il a donc des inconvénients économiques et pratiques majeurs qui ne permettent pas de le qualifier d’alternative au glyphosate dans le respect de l’article 50.2 du règlement (CE) n°1107/2009 par l’Anses.
Ce type de produit est donc peu utilisé. Il aurait pu l’être en agriculture biologique, mais, même si c’est un produit de biocontrôle son homologation a été refusée selon le principe qu’il ne doit pas y avoir de désherbant en agriculture biologique.
Pour le produit de Osmobio, il faudra attendre l’homologation pour apprécier son intérêt pour les professionnels.
Interview de Jacques Le Verger le directeur de Osmobio à Loudéac.
Terre de Touraine : Sur France 2, vendredi 21 aout, Julien Bayou, responsable EELV cite votre entreprise « Osmobio » et une autre (JADE), qui « attendent toujours leurs agréments par l’Anses ». Il indique aussi « c’est bloqué car il y a une vraie pression, notamment des plus gros exploitants, de la FNSEA, pour continuer à utiliser le glyphosate » Qu’en est-il, avez-vous des difficultés ?
Jacques Le Verger : « Depuis la médiatisation que j’avais organisée en 2017, j’ai pu rencontrer l’Anses fin décembre 2017. Depuis la démarche est en cours. Il n’y a pas de frein particulier de l’Anses. Non aucun frein. J’ai les commandes en main. Personne ne nous met la pression. C’est une ineptie totale de dire cela, une hérésie. Cela attise les foudres ».
TdT : Dans quel délai pensez-vous obtenir votre agrément ?
JLV : L’espoir est de l’obtenir en 2021. Cela va dépendre de la rapidité avec laquelle les scientifiques, toxicologues, écotoxicologues vont rendre leurs études. Je respecte rigoureusement ce que l’Anses m’a demandé de réaliser. Le plan de développement avance, conforme aux procédures pour obtenir une AMM (Autorisation de Mise en Marché). Le coût de l’opération est de l’ordre de 3 à 4 millions d’euros.
TdT : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre produit et son mode d’action en plein champ ?
JLV : Il faudra attendre l’homologation et l’autorisation de mise en marché. Depuis 2013, j’ai déposé le brevet en France et dans plusieurs pays, le dernier au Canada il y a un mois. Depuis 2015, en plus de l’objectif initial de vendre le produit dans le secteur jardin, grand public, je suis aussi intéressé par l’utilisation en agriculture. Les adventices sont les mêmes et les tests faits sur plusieurs années sont prometteurs. Le test plein champ, inclus dans la procédure, se fera le moment venu.